L'AVENIR NAMIBIEN

 

LA PLUS JEUNE NATION
LE PLUS VIEUX DÉSERT DU MONDE

Le 21 mars 1990, les dirigeants de la jeune nation namibienne inscrivent leur pays sur la carte du Monde. Dix ans après une indépendance occultée par la chute du mur de Berlin et les bouleversements que vécurent les pays de l'Europe de l'Est, nous décidons d'aller à la rencontre de ce pays né dans le silence.

Après le désert chilien, les paysages minéraux du Mustang, un nouveau joyau minéral nous attendait au sud- ouest de l'Afrique australe. Cette aventure allait durer un mois et nous allions parcourir plus de 6 000 km de pistes à travers ce pays grand comme deux fois la France où les traces du colonialisme allemand sont bien présentes sentes. Difficile de faire un choix dans ce pays surréaliste. Ce sera notre rencontre avec le Namib.

Il constitue l'écosystème dominant de ce pays situé entre le Kalahari et les eaux froides de l'Atlantique sud. Ce désert a la particularité d'être au seuil de la création le plus ancien de la planète. Sa formation aurait débuté il y a quatre-vingts millions d'années. Comme le désert chilien, il appartient à la famille des déserts littoraux.
Namib, les Namas l'auraient appelé "le grand vide", le silence, la solitude, l'absolu, l'immensité. Chaque désert est tellement différent qu'il est souvent difficile de le partager car chacun y puise ce dont il a envie. Gardons néanmoins à l'esprit que le désert est un milieu hostile à la vie.


Un des plus vastes déserts de la planète


La voiture file tout en respectant la nature du terrain car les longues pistes droites tracées au cordeau peuvent parfois être un piège pour les personnes qui ont le pied lourd sur l'accélérateur. De chaque côté des pistes, des kilomètres de clôtures séparent les fermes dont la superficie dépasse parfois les 50 000 hectares. Nous nous rendons dans le parc naturel le plus vaste du pays et l'un des plus grands du monde: 23 000 km.

Pour l'instant, seuls les "inselbergs" - collines isolées typiques du désert du Namib dessinent çà et là des silhouettes compactes, mais déjà nous ressentons un grand vide, troublé par quelques autruches qui regardent passer notre "oiseau rouge".

Nous avons décidé d'emprunter la route D826 pour longer le Namib rand. Nous ne sommes pas déçus. Les premières dunes pointent à l'horizon et prennent des teintes roses infiniment variées sur une savane dorée. Suite à des pluies abondantes en mai, l'herbe a réussi à s'implanter pour créer un spectacle unique de dégradé de couleurs.

Un grand nombre de graminées transforment le paysage aride en un véritable champ d'herbes séchées par le soleil. Ces plantes constituent une nourriture suffisante pour le springbok ou l'emblématique oryx, un animal particulièrement adapté aux conditions de vie dans ce lieu.

Un système de régulation thermique sophistiqué lui permet en effet de supporter l'augmentation de sa température corporelle jusqu'à 450 C, tout en maintenant celle de son cerveau à un niveau inférieur, grâce à un réseau complexe de vaisseaux naseaux qui rafraîchissent le sang avant qu'il n'atteigne l'encéphale.

Autres particularités dans ce monde désertique, immobiles et patientes, grappilleuses de rosée, les plantes : certaines produisent parfois un liquide laiteux comme l'euphorbia damarana, avec ses tiges comme des baguettes.

Dans le nord du Namib, la welwitschia mirabilis fait partie, elle, des plus extraordinaires organismes vivant sur terre. La plante préhistorique, durant toute sa vie, ne produit que deux feuilles qui se développent à l'opposé l'une de l'autre. Elles peuvent atteindre trois mètres de long. Les vents qui la malmènent découpent ces deux feuilles en lanières, donnant ainsi l'impression d'une multitude de feuilles.

Un ensemble forme un étrange amas végétal qui parait moribond. On estime l'âge de certains spécimens à plus de quinze cents ans et la plupart ont entre cinq cents ou six cents ans. Nous n'oublierons pas l'inara, une cucurbitacée qui a produit des fruits qui ressemblent aux melons, nourriture très recherchée par l'oryx, le chacal et bien d'autres animaux.


Un océan de courbes et d'angles de couleur abricot

Nous arrivons à Sesreim, petite agglomération composée de trois bicoques, d'une épicerie multifonctions et du bureau du parc qui délivre les autorisations pour franchir la barrière qui nous sépare de "l'océan dunaire". Avant de partir, nous prenons la précaution de nous restaurer et de monter la tente dans le camping où chaque emplacement reçoit l'ombre d'un arbre séculaire. Même dans ce lieu touristique, on est loin de la foule.

Il est 14 h, il fait très chaud, mais nous avons décidé d'aller reconnaître le terrain pour le lendemain matin et de nous familiariser avec notre 4X4. Depuis notre départ d'Afrique du sud, nous n'avons jamais eu besoin d'utiliser les roues motrices car les pistes sont superbes et bien entretenues. Mais, ici, après la longue route goudronnée qui doit mener aux dunes les plus hautes du monde, nous avons été avertis que nous devrions effectuer cinq km de piste inaccessible sans 4X4.

Une femme ranger contrôle notre autorisation ; elle nous indique qu'il faut rentrer au coucher du soleil. La barrière se lève, nous sommes à 65 km environ d'un univers hors du temps. Notre véhicule s'engouffre dans une vallée sableuse qui doit nous mener aux sites mythiques. Des petits lacs, à sec à cette époque, occupent certaines cuvettes aux pieds des dunes couleur abricot. Le ciel est d'un bleu azur malgré l'heure. Sur notre gauche, une masse rouge se dresse, à ses pieds deux ou trois acacias encore verdoyants, à l'opposé sur un lac blanc craquelé, des troncs noueux forment un tableau dans cet univers silencieux.

C'est la dune 45. Ma compagne de voyage s'élance. Le sable est brûlant, mais l'envie de gravir les 150 m de sable rouge est plus fort... Après plusieurs minutes, un minuscule point blanc sur le cordon de la dune, une étoile dans un ciel rouge me permettent d'évaluer l'importance exceptionnelle de ce monticule de sable.
Il reste 20 km à parcourir. Notre 4X4 répond à souhait, les roues accrochent les traces laissées dans le sable par d'anciens véhicules et nous mènent jusqu'à Hidden Vlei.

Le mythe est là devant nous. Le sable probablement venu du Kalahari, il y a 3 à 5 millions d'années selon les spécialistes, nous amène quasiment au recueillement.

Nous commençons l'ascension. La progression est difficile dans ce sable meuble. Je dois reprendre mon souffle ; plus de 300 m à gravir ; nous devons ressembler à des fourmis vues du ciel... Le sommet est atteint : un univers de courbes et d'angles, harmonieusement tendu en forme de croissants ou d'étoiles, nous fait oublier en quelques secondes nos efforts.

Une véritable palette de couleurs ; la lumière métamorphose d'un instant à l'autre ce tableau sans frontière... Nous sommes maintenant devant un véritable océan minéral. La douceur sensuelle de ces dunes nous transporte comme par magie vers un silence imaginaire car le vent, à sa façon, nous murmure l'hymne du désert...


ce texte fut publié dans une revue "GLOBE-TROTTER" la revue de ABM

 

L'avenir namibien


Cela fait presque 10 ans que la Namibie est indépendante. Les namibiens sont satisfaits de la libéralisation, de la diversification, mais regardent cette croissante qui décline avec appréhension. Ils désirent réduire les trop criantes inégalités sociales, encourage la croissance du secteur privé et séduisent les investisseurs étrangers.

Ce pays est fier d'avoir préservé la paix sociale après des années d'apartheid, d'offrir au monde l'image d'une démocratie qui fonctionne. C'est au bout de 30 ans de lutte armée que la Namibie est venue à bout de l'occupation sud africaine Mais elle est encore sous son influence économique.

Windhoek , la capitale attire de plus en plus de jeunes en quête de travail. C'est la région la plus peuplée en dehors du Nord du pays. Les 200 000 h devrait tripler dans les 20 prochaines années. C'est une ville coquette, propre et policée. Ce sont surtout les blancs qui l'habitent .Comme à l'époque de l'apartheid, la plupart des noirs la quittent le soir pour Katutwa, la banlieue dans laquelle ils ont été placés de force dans les années 60.


La Namibie est une société fragmentée. Le PNB par habitant est relativement élevé pour un pays africain, mais cache une dure réalité : une extrême inégalité dans sa distribution, une minorité blanche jouissant de revenus moyens beaucoup plus élevés que ceux de la majorité noire. L'explication réside dans son histoire. Les colons blancs ont installé leurs ranchs sur 2/3 des terres cultivables repoussant les noirs vers les réserves.

Investi de la confiance populaire, le gouvernement de la SWAPO se doit de répondre à ses attentes. Le gouvernement face à la montée du chômage a décidé de mettre l'accent sur les secteurs de production. Le pays est le 5 ième producteur mondial minier et est le seul pays à extraire des diamants de la mer.

Le pays importe 90% de ses biens de consommation surtout d'Afrique du sud . Elle produit ce qu'elle ne consomme pas et consomme ce qu'elle ne produit pas. Heureusement que les infrastructures permettent de se rendre dans tout le pays 4500km d'excellentes routes et 2400 de voix ferrées.

Les namibiens attendent beaucoup de la décentralisation pour améliorer l'accès aux services de santé Il y a bien des unités dans les régions rurales mais la priorité aujourd' hui c'est la lutte contre la pandémie du Sida
Depuis 1992 l'importance du tourisme contribue à la croissance du PNB. L'idée du " community based tourism " fait son chemin et il s'organiserait autour d'un tourisme de qualité qui utiliserait la main-d'oeuvre et le savoir local.

Le président San Nuyomoma obtient 75 % des votes. Il reste celui qui a conduit le pays vers la liberté. Cependant la période de lune de miel s'achève. On lui reproche de ne pas s'inscrire clairement en faveur de la lutte contre la corruption !

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